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Le ministre de l’Économie assène que notre modèle économique et social va dans le mur à cause de la « gratuité » des prestations. C’est faux. Les services publics comme la protection sociale ne sont pas gratuits : ils sont financés par ceux qui en bénéficient.
« La gratuité de tout, pour tous, tout le temps, c’est intenable » ! Avec cette phrase prononcée dans les colonnes du Journal du dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, se livre à une attaque en règle contre le système de protection sociale et les services publics. Il se rend coupable de désinformation pour justifier ses velléités austéritaires.
Le locataire de Bercy, rappelons-le, a annoncé un nouveau train de coupes dans les dépenses publiques de 10 milliards pour 2024, et de 20 milliards supplémentaires en 2025. Forcément, il faut trouver une rhétorique pour le justifier en alignant les clichés les plus populistes.
« Nous devons remplacer l’État providence par l’État protecteur », égrène le ministre, qui qualifie « l’État providence » de « machine à empiler de nouvelles dépenses publiques, sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité, sans remise en cause non plus des dépenses précédentes ».
De façon mensongère donc, Bruno Le Maire pousse jusqu’à séparer ceux qui cotisent de ceux qui perçoivent ou bénéficient d’une prestation du service public. « Il y a toujours quelqu’un qui paie la gratuité », ose le ministre, alors que ceux qui contribuent en fonction de leurs moyens et perçoivent en fonction de leurs besoins sont les mêmes.
La charge étant jugée « trop lourde » pour les salariés, Bruno Le Maire en arrive à la conclusion qu’il faudrait « en finir avec la gratuité », c’est-à-dire les faire payer, pour alléger leur fardeau.
Le ministre de l’Économie n’est pas idiot. Cet exercice rhétorique cache à peine ses intentions : ne pas mettre davantage à contribution ceux qui en ont les moyens et bénéficient de longue date des largesses des finances publiques.
S’il existe des dépenses publiques « sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité », elles sont à chercher du côté des aides versées sans contrepartie aux entreprises privées. Pour elles, pas d’autre sermon qu’une nouvelle invitation polie du ministre à « continuer » à augmenter les salaires.
LE MARDI 26 MARS 2024
LES RETRAITÉ.ES
A L'APPEL DE 9 ORGANISATIONS
SE RASSEMBLENT ET MANIFESTENT
A 10H30
PLACE DES OTAGES
A MORLAIX
Vous trouverez ici deux expressions argumentant cette initiative :
1) Tract intersyndical pour action Retraité(e)s MORLAIX - mardi 26 mars 2024,
2) UCR CGT Les retraité(e)s ne se laisseront pas voler - 26 mars 2024.
Zoé BOIRON. Publié le
Ses proches vivent dans « la peur » de son expulsion. Alhassane Kaba, Guinéen de 21 ans, vit depuis cinq ans en pays de Morlaix. Pour avoir le droit de travailler en alternance, il a demandé un titre de séjour. Le 11 janvier 2024, la préfecture du Finistère lui a refusé et a émis une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Son entourage organise une réunion de soutien samedi 23 mars 2024, à Pleyber-Christ.
Alhassane Kaba, entouré de Sandrine Corre (à droite), chez qui il vit depuis 5 ans, d'Annaïg, 17 ans, sa petite amie, et des parents d'Annaïg, Hervé et Aurélie Bonthonneau, parrain et marraine civils d'Alhassane. | OUEST-FRANCE
Depuis cinq ans, Alhassane Kaba a fait un parcours « exemplaire » pour s’intégrer en France. Alors, le refus de titre de séjour, couplé à une Obligation quitter le territoire français (OQTF), émis par la préfecture du Finistère, le 11 janvier 2024, est un gros coup de massue. Et même bien plus que ça.
Aujourd’hui entouré d’une nouvelle famille, d’une petite amie, de nombreux amis et de professeurs témoins de sa réussite, Alhassane Kaba, 21 ans, risque de tout perdre. De voir tous ses efforts jetés en pâture.
Son entourage organise une réunion publique à Pleyber-Christ à 11 h, à la salle du Rouallou, près de l’Ehpad. « On est dans une démarche de sensibilisation, pas de revendication », précise Sandrine Corre. Alhassane Kaba vit chez elle depuis 2019. « Il est comme mon fils. »
Une pétition a été lancée. Elle réunit déjà plus de 31 400 signatures.
Né en Guinée, Alhassane raconte avoir été abandonné par sa mère et ne pas connaître son père. Livré à lui-même, il n’a « jamais été scolarisé ». En 2018, il traverse, « à 15 ans et demi », la Méditerranée « à la rame, depuis Tanger » au Maroc. Il transite, selon son récit, par l’Espagne, puis le camp de migrants de la porte de la Chapelle à Paris « J’ai squatté, trimballé mes affaires… » décrit-il.
À Vannes (Morbihan), le Département refuse de reconnaître son statut de mineur isolé. En août 2019, on le guide vers l’association Les Utopistes en action, à Pleyber, qui lui donne des cours de soutien en français et en mathématiques.
Il intègre ensuite une classe de 3e au collège des monts d’Arrée de Plounéour-Ménez. « L’AVS (auxiliaire de vie scolaire) d’un ami a vu que j’étais motivé et m’a aidé. En même temps, je m’étais inscrit au club de lecture du collège. On devait faire des résumés de livre chaque semaine », raconte-t-il. « Il a bossé comme un dingue », se souvient Sandrine Corre. Alhassane Kaba obtient son brevet avec mention Assez bien.
Lors de sa seconde générale au lycée Tristan-Corbière de Morlaix, il demande à réaliser trois stages. Il effectue le premier en informatique, auprès d’Hervé Bonthonneau. « J’ai eu l’indélicatesse de lui demander immédiatement son histoire et j’ai été bouleversé. » Le tuteur de stage devient un ami. « Il y a bientôt deux ans », Hervé et son épouse, Aurélie Bonthonneau, sont devenus parrain et marraine, au civil, d’Alhassane Kaba. Et il forme depuis quelques mois un couple avec leur fille, Annaïg, 17 ans.
Dans leur salon, une photo d’Alhassane et Hervé est épinglée, souvenir d’un road trip en Finistère à vélo. Il est aussi très proche de Romane, leur seconde fille, et de son petit ami, Ludovic : « On a des t-shirts en commun », glisse-t-il en riant. Sa belle-famille et famille d’adoption parlent d’un garçon « solaire », « qui s’accroche ». Il fait des ménages chaque semaine, quelques travaux de jardinage, payés en chèque emploi-service.
Aujourd’hui, ses proches vivent dans « la peur » de son expulsion. Les larmes montent aux yeux d’Annaïg : « Il est tellement optimiste. Je dois tenir pour lui, je ne veux pas être source de stress. »
Côté scolarité, le jeune homme a travaillé d’arrache-pied. Après une 1re et une Terminale en bac pro microtechnique, il décroche son diplôme avec mention Bien. Depuis septembre, il est inscrit en BTS au pôle formation de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) de Brest. Il obtient deux promesses d’embauche en alternance. Pour finaliser la procédure, Alhassane, formule donc une demande de titre de séjour, le 9 juin 2023.
Annaïg Bonthonneau et Alhassane Kaba sont en couple depuis quelques mois. "Il était souvent à la maison", à bricoler avec son père, sourit la jeune fille. | OUEST-FRANCE
À ce moment-là, il est toujours en situation irrégulière, mais est confiant. Face au refus, Alhassane Kaba se dit « déçu », mais « essaie de prendre du recul ».
Malgré près de 70 courriers de soutien d’élus, de professeurs et d’amis, l’arrêté préfectoral indique : « L’ensemble des attestations produites au dossier […] et sa scolarité suivie avec assiduité, ne sauraient suffire à démontrer une intégration dans la société d’une particulière intensité. » « Le récit de l’intéressé sur son parcours manquait de spontanéité », peut-on aussi lire. La préfecture pointe surtout un manque de documents pour prouver sa minorité, à son arrivée en France. « Son apparence staturo-pondérale, sa maturité et sa capacité de réflexion ne corroboraient pas » l’âge de 15 ans et demi.
Alhassane avait trente jours pour quitter la France. Son avocate, Me Lucie Clairay, a déposé un recours, ce qui suspend l’OQTF. L’affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif de Rennes. L’audience est prévue le 17 avril. « Si ça ne marche pas, conclut Sandrine Corre, on saisira la Cour de cassation et la cour européenne des droits de l’Homme. »
Pétition : https://www.change.org/p/tous-en-soutien-à-alhassane