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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 15:45
29 mars 1988: Assassinat de Dulcie September, militante communiste anti-apartheid - les Belles Rouges lui rendent hommage à Saint-Brieuc
29 mars 1988: Assassinat de Dulcie September, militante communiste anti-apartheid - les Belles Rouges lui rendent hommage à Saint-Brieuc
Dulcie SEPTEMBER assassinée le 29 mars 1988
Mardi 29 mars 1988, Paris, 10, rue des Petites-Écuries. Il est 9 h 47 et un bruit d’escalier qu’on dévale retentit dans le bâtiment C. Monsieur D. a à peine le temps de s’écarter pour laisser passer en trombe deux grands types aux cheveux courts, d’une quarantaine d’années tout au plus. À 10 heures, on découvre le corps sans vie d’une femme au 4e étage, sur le palier des bureaux de l’African National Congress (ANC), principal mouvement anti-apartheid, interdit en Afrique du Sud depuis 1960. Dulcie Evonne September, cinquante-trois ans, représentante de l’ANC, vient d’être abattue de cinq balles de calibre 22, tirées à bout portant, au silencieux. On ne retrouvera jamais les tireurs. Un non-lieu sera prononcé en 1992 et l’affaire classée. Ce crime est pourtant signé : il s’agit d’une exécution en bonne et due forme par des agents et mercenaires du régime barbare de Pretoria.
 
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29 mars 1988 : Dulcie Evonne September est abattue à Paris
Robert Clément
Il y a plus d’un quart de siècle, l’Afrique du Sud vivait sous le régime de l’apartheid. Et rien n’arrêtait le gouvernement raciste de Pretoria dans sa lutte implacable contre l’African National Congress. En 1988, la représentante en France du mouvement de Nelson Mandela était abattue à bout portant.
Mardi 29 mars 1988, Paris , 10, rue des Petites-Écuries . Il est 9 h 47 et un bruit d’escalier qu’on dévale retentit dans le bâtiment C. Monsieur D. a à peine le temps de s’écarter pour laisser passer en trombe deux grands types aux cheveux courts , d’une quarantaine d’années tout au plus. À 10 heures, on découvre le corps sans vie d’une femme au 4e étage , sur le palier des bureaux de l’African National Congress (ANC), principal mouvement anti-apartheid, interdit en Afrique du Sud depuis 1960. Dulcie Evonne September, cinquante -trois ans, représentante de l’ANC, vient d’être abattue de cinq balles de calibre 22, tirées à bout portant, au silencieux.
On ne retrouvera jamais les tireurs. Un non-lieu sera prononcé en 1992 et l’affaire classée. Ce crime est pourtant signé : il s’agit d’une exécution en bonne et due forme par des agents et mercenaires du régime barbare de Pretoria.
Dulcie September se savait menacée ; elle avait demandé, sans l’obtenir, une protection policière aux autorités françaises mais elle avait refusé la mutation proposée par la direction de l’ANC, car il n’était pas question de donner l’ impression de déserter le terrain. Perspicace et charismatique, Dulcie était impossible à décourager.
Née en 1935, Dulcie grandit à Athlone, township métisse du Cap. À vingt ans, elle débute sa carrière d’institutrice , sa vocation ; elle veut aider ses élèves à donner sens à leur vie. Très tôt éveillée à la politique. Dulcie rejoint l’Union démocratique du peuple d’ Afrique australe (Apdusa) créée en 1960. Alors que toute organisation anti-apartheid est interdite, elle forme, en 1962, avec huit camarades , le Yu Chi Chan Club , d’inspiration maoïste (devenu le Front de libération nationale en 1963). Cela lui valut une arrestation en octobre 1963. À l’issue de six mois de procès, Dulcie est condamnée à cinq ans de prison où elle subit de mauvais traitements.
À sa sortie, on lui interdit de reprendre son poste et de militer. Le 19 décembre 1973, elle quitte son pays et rencontre des militants de l’ANC et du Parti communiste sud-africain exilés à Londres.
En 1976, elle devient employée permanente de l’ANC. Elle soutient à son tour les nouveaux exilés et se consacre à la collecte de fonds. Restée marquée par la manifestation du 9 août 1956 devant le siège du gouvernement à Pretoria et par les actions des femmes tout au long des années 1950 contre les livrets d’identité , les hausses de loyer ou pour les augmentations de salaire , Dulcie s’engage dans la Ligue des femmes. Au lendemain du soulèvement des lycéens de Soweto (16 juin 1976), qui marque le retour du mouvement populaire sur la scène politique et où les femmes occupent aussi une place importante. Dulcie travaille en liaison avec le comité anti-apartheid de l’ONU et la Fédération démocratique internationale des femmes. Elle impulse mobilisations, conférences et publications sur le sort des femmes et de la jeunesse, noire en particulier. Après un bref passage par le quartier général de l’ANC à Lusaka, dont elle dirigera le comité régional et au cours duquel elle organisera la célébration du 25e anniversaire de la manifestation d’août 1956, la nouvelle représentante en chef de l’ANC pour la France, la Suisse et le Luxembourg arrive à Paris en 1984. Elle y joue très vite un rôle clé en rassemblant les différentes composantes du mouvement de solidarité anti-apartheid autour des exigences de boycott, de désinvestissements et de sanctions du régime sud-africain. En juin 1986, elle monte une conférence internationale qu’Oliver Tambo, président de l’ANC, ouvre en soulignant l’obligation morale de la France d’intervenir en faveur des sanctions internationales.
L’Afrique du Sud traverse alors une phase décisive de son histoire . L’ANC appelle le peuple à « rendre le pays ingouvernable ». La répression policière et la violence des forces de sécurité contre la population ontatteint leur paroxysme en 1988 ; tous les jours , révoltes et répressions secouent le pays. C’est l’état d’urgence . Le régime a soif de sang . Il bombarde aussi les camps de l’ANC, notamment au Botswana, intervient en Angola contre les indépendantistes et organise des attentats contre des dirigeants anti-apartheid aux quatre coins du globe . Il faut donc couper les vivres à ce régime qui excelle dans les crimes contre l’humanité.
La France est alors présidée par François Mitterrand et c’est la cohabitation : Jacques Chirac est premier ministre, Charles Pasqua à l’Intérieur et Robert Pandraud à la Sécurité publique. La Françafrique est donc aux commandes. En intervenant publiquement, en 1986-1987, en faveur de Pierre-André Albertini. Dulcie provoque des contrariétés. La mobilisation des Français pour la libération de ce coopérant, emprisonné par Pretoria, gêne. Mais surtout, depuis plusieurs mois, elle a entrepris demettre au jour les filières de vente d’armes et cela ne plaît pas à grand monde, certainement pas à ce régime aux abois. La France était jusqu’alors un gros fournisseur de l’aéronavale sud-africaine. Avec le boycott, les ventes d’armes constituent un secteur porteur pour qui sait manœuvrer entre les gouttes.
Le mobile est là, sans doute. Les preuves ont disparu et la commission Vérité et Réconciliation, elle-même, malgré les aveux d’un ancien cadre des forces de sécurité, n’a pas réussi à traduire les coupables devant les tribunaux mais a démontré que, si la France en avait la volonté, elle contribuerait à rendre justice à Dulcie September.
Les sud-africaines donnent une leçon politique
9 août 1956. Les forces de police protégeant les abords des Union Buildings, siège du gouvernement à Pretoria, ont du mal à en croire leurs yeux. 20 000 femmes de tout le pays déposent une montagne de pétitions contre le livret d’identité, qui sert à contrôler à tout moment les mouvements des « non-Blancs ». Il mentionne le domicile, la catégorie« raciale », la nature, le lieu et la durée de l’emploi occupé en « zone blanche ». L’impossibilité de le produire entraîne peines d’amende, de prison et déportation.
La manifestation est exceptionnelle , par son ampleur et l’éventail de son rassemblement ; Indiennes, Africaines ou métisse, et Blanches venues en solidarité, unies, elles contestent l’un des piliers de l’apartheid : le contrôle discriminatoire de la population ségréguée et l’organisation de l’exploitation de la main-d’œuvre des townships. La Journée nationale des femmes est née ce jour-là.
 
La France s’honorerait de permettre des avancées décisives pour connaître la vérité
Assassinat de Dulcie September à Paris - Par Pierre Laurent, Sénateur Communiste de Paris / 4 mars 2021
 
Ma lettre au Ministre de la Justice
Monsieur le Ministre,
Je me permets d’attirer votre attention sur un nouvel élément d’actualité concernant le dossier de l’assassinat de Dulcie September, représentante du Congrès National Africain (ANC) le 29 mars 1988 à Paris.
Ce meurtre, exécuté sans doute par un professionnel, avait suscité une grande émotion populaire. Beaucoup d’éléments indiquent une implication des services secrets du régime d’apartheid. Pourtant le 17 juillet 1992, une ordonnance de non-lieu est rendue par la justice française suite à un abandon précoce de la procédure, ouverte par le Procureur de la République le 11 avril 1988.
Tous les observateurs s’accordent à dire que des moyens particulièrement faibles avaient été affectés à cette affaire et que cette procédure était marquée par un défaut très sérieux dans la collecte d’informations élémentaires.
Il est à noter par ailleurs que le ministère public pouvait à l’époque recevoir des instructions individuelles de la part du Garde des Sceaux sur la base la loi du 31 décembre 1957 instituant le code de procédure pénale (article 36).
Pourriez-vous m’indiquer si cela a été le cas pour le dossier de Dulcie September ?
En tout état de cause sa famille a saisi le 16 février dernier le tribunal judiciaire de Paris sur le fondement de l’article 141-1 du code de l’organisation judiciaire qui prescrit expressément que l’État est tenu de réparer le dommage causé par le fonctionnement défectueux du service de la justice.
Je partage les préoccupations exprimée par la famille de Dulcie September et de tous ceux qui depuis des décennies veulent que la vérité apparaisse au sujet de ce meurtre et de son traitement par l’institution judiciaire.
La France s’honorerait de permettre des avancées décisives en la matière.
Par conséquent je vous serais reconnaissant, Monsieur le Ministre, de suivre ce dossier avec toute l’attention nécessaire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations les plus distinguées.
 
29 mars 1988: Assassinat de Dulcie September, militante communiste anti-apartheid - les Belles Rouges lui rendent hommage à Saint-Brieuc
29 mars 1988: Assassinat de Dulcie September, militante communiste anti-apartheid - les Belles Rouges lui rendent hommage à Saint-Brieuc

Contre l'apartheid, les communistes se sont levés. Hommage à Dulcie September. Aujourd'hui, jour anniversaire de son assassinat à Paris le 29 mars 1988, les " belles rouges " du PCF à Saint Brieuc, qui avaient déjà débaptisé symboliquement une rue Thiers il y a quelques jours pour donner le congé de la République au nabot massacreur des communards, rendent hommage à Dulcie September, venue inaugurer la rue Mandela à Saint-Brieuc avant son assassinat.

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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 15:40
Manifestation Retraités  - Mercredi 31 MARS – MORLAIX (10 h 30 – Place des Otages)

Manifestation Retraités

Mercredi 31 MARS – MORLAIX (10 h 30 – Place des Otages)

La manifestation se dirigera, après la rassemblement, vers la Sous-Préfecture

Compte-rendu de la Conférence de presse tenue par les organisations présentes sur le territoire de Morlaix

Neuf organisations syndicales et associations nationales de retraités (CGT, FO, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC, Ensemble et Solidaires, FGR-FP, LSR) appellent à une journée nationale de rassemblements, d’actions et de manifestations en faveur des retraités dans tous les territoires le 31 mars 2021. 

« Depuis de nombreuses années, les retraités, par le blocage des pensions accompagné d’une augmentation de la fiscalité et d’une explosion des prix, subissent une érosion de leur pouvoir d’achat les emmenant de plus en plus vers la précarité. » Déclarent les représentants de ces syndicats dans un manifeste commun. Les motifs de mécontentements sont nombreux : insuffisante revalorisation des retraites, dégradation du régime des pensions de réversion, baisse continue du niveau de vie…

« Nous appelons les retraités de la région morlaisienne à faire entendre leur voix et à participer nombreux à cette journée d’action, évidemment dans le respect des gestes barrières et des protections sanitaires. » Concluent les représentants locaux.

À Morlaix, rassemblement mercredi 31 mars à partir de 10 h 30, devant le kiosque, Place des Otages.

 

Le Parti Communiste apporte, bien évidemment, son soutien à cette action et aux revendications qui y seront portées.

Soyons présents nombreux, et avec nos couleurs.

Daniel RAVASIO, secrétaire de section du PCF Pays de Morlaix

9 organisations syndicales et associations des retraité-e-s Cgt, FSU, FO, Solidaires, CFTC, CFE-CGC, ensembles et solidaires, FGR-FR, LSR appellent à une journée nationale de rassemblements, d’actions et de manifestations :
- Pour l’augmentation des pensions
- Pour la prise en charge de l’autonomie par une approche globale de la santé
- Pour une vaccination de T
OUTES et TOUS avec un vaccin gratuit et produit massivement -
Contre l’incitation à opposer les générations qui souffrent toutes de l’austérité -
Pour des services publics de proximité avec des effectifs suffisants
   
Les retraités, dont une majorité, ont des pensions inférieures ou égales à 1200€ subissent une dégradation importante de leur pouvoir d’achat et leur niveau de pension ne cesse de se détériorer.
Aucune pension ne devrait être inférieure à 1800€ bruts par mois !
L’évolution du coût de la vie entraîne une explosion de la pauvreté intergénérationnelle. Le gouvernement, à grands renforts médiatiques, tente de diviser les générations en stigmatisant les retraités.
 
Manifestation retraités du 31 Mars :
 
Brest 10H30 parvis FAC SEGALEN Avenue Clémenceau,
Carhaix 11H00 Maison des syndicats,
Morlaix 10H30 Place des otages devant la Mairie,
Quimper 10H30 place de Résistance, Quimperlé 10H30 Place des écoles devant Union Locale   
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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 15:30

Manifestation Retraités

Mercredi 31 MARS – MORLAIX (10 h 30 – Place des Otages)

 

 

Sur Morlaix, cette action prendra la forme d'un rassemblement à 10 h 30 sur la Place des Otages, rassemblement suivi par une marche en direction de la Sous-Préfecture.

Le Parti Communiste apporte, bien évidemment, son soutien à cette action et aux revendications qui y seront portées.

Il appelle à y venir nombreux

 

 

 

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28 mars 2021 7 28 /03 /mars /2021 17:55
Fulgurante Commune de Paris !" par Roger Martelli (L'Humanité, 20 mars 2021)
"Fulgurante Commune de Paris !" par Roger Martelli
Samedi 20 Mars 2021

Le 18 mars 1871 éclate la révolution communale. 72 jours d’insurrection populaire, pour la « République démocratique et sociale ». Matée dans le sang, cette expérience inédite de gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple a esquissé les contours d’une société juste et fraternelle. Récit.

 

Il est des événements qui, malgré leur brièveté, laissent une trace indélébile dans la mémoire collective. Les soixante-douze jours de la Commune de Paris n’ont été qu’une ébauche achevée dans un bain de sang et, pourtant, le mouvement ouvrier y a vu un moment fondateur et une source inépuisable de force. Cent cinquante ans plus tard, on en parle encore, et dans le monde entier…

L’irruption communaliste

Quand la révolution communale se déclenche, le 18 mars 1871, Paris sort à peine d’un long siège éprouvant et la France subit le choc d’une guerre perdue, contre une Allemagne qui se réunifie sur son dos. Politiquement, la capitale n’est pas synchrone avec le reste du pays.

Alors que la France choisit la paix à tout prix, Paris ne veut pas se résigner à la défaite. Tandis que les élections législatives du début février 1871 désignent une majorité de députés monarchistes, les Parisiens élisent des républicains, plutôt hostiles à la capitulation. Le sursaut patriotique est une dimension non négligeable de la révolte communale.

Il y en a d’autres. Depuis 1848, beaucoup de Parisiens ont en tête la « vraie » ou la « bonne République », celle qui veut pousser le plus loin possible l’idéal d’égalité et entend faire de la citoyenneté la base d’un véritable pouvoir du peuple.

Bouillonnement démocratique

Depuis plus de deux ans, Paris est en bouillonnement démocratique : les journaux et les clubs républicains et socialistes se multiplient, ainsi que les chambres syndicales. Quand s’approche le printemps de 1871, le divorce n’a jamais été aussi grand entre la population de Paris et un gouvernement, théoriquement républicain, mais dirigé par un ancien ministre du roi Louis-Philippe, Adolphe Thiers.

Les provocations du gouvernement et de ses représentants mettent le feu aux poudres. Le 18 mars, Thiers veut faire enlever les canons qui, dans la capitale, sont sous la responsabilité de la Garde nationale, une milice que la guerre contre la Prusse a renforcée et a ouverte aux catégories populaires.

Des barricades se dressent

Excitée depuis plusieurs semaines par les choix du gouvernement et de l’Assemblée, la population parisienne refuse d’abandonner ses canons, payés par souscription populaire. Des barricades se dressent, la Garde nationale se mobilise et plusieurs de ses bataillons font marche vers le centre de Paris.

Thiers, qui sent qu’il n’a pas toutes les cartes en main, décide d’abandonner la capitale pour Versailles, où se trouve l’Assemblée. Au soir du 18 mars, la Garde nationale investit l’Hôtel de Ville : en l’absence d’autorités légitimes et avant la tenue d’élections locales, elle assume la gestion de Paris.

La plus étonnante des aventures

Huit jours plus tard, des élections confirment que son succès n’était pas sans base populaire. Alors que leurs adversaires appellent au boycott, les partisans du mouvement du 18 mars recueillent près de quatre inscrits sur dix. Deux jours plus tard, le 28 mars, la nouvelle assemblée se réunit et prend le nom de « Commune de Paris », réclamé depuis longtemps par les militants des clubs.

Commence alors officiellement la plus étonnante des aventures. Les urnes ont placé à la tête de la capitale un conseil communal où les ouvriers forment le groupe le plus nombreux, qui se réclame de la « République démocratique et sociale », et même de la « République universelle ». Cela ne s’était jamais produit auparavant… et ne se reproduira plus par la suite.

Les discussions s’enflamment

La nouvelle assemblée n’a rien d’un bloc monolithique. Dans une France qui a connu moins de dix ans d’expérience républicaine, où la presse a été rarement libre et où l’organisation politique est balbutiante, la Commune regroupe toutes les sensibilités possibles, en tout cas à la gauche du courant républicain.

On se dit jacobin, blanquiste, internationaliste, collectiviste, socialiste ou tout simplement républicain. Selon les moments, les majorités fluctuent et les discussions s’enflamment. Mais tous – les femmes étant exclues du vote, le masculin s’impose par défaut dans le conseil communal – ont en tête quelques valeurs simples : l’égalité est limitée si elle n’est que l’égalité en droit, la démocratie est fragile si le citoyen se contente de déléguer ses responsabilités à des représentants, les bases de la République ne sont pas acquises si les représentants ne sont pas contrôlés par les représentés, la société est explosive si elle tolère durablement l’exclusion des plus pauvres et des moins protégés.

Principes et mesures sociales

Les nouveaux élus de Paris n’ont pas de doctrine figée, pas de programme rédigé par avance, mais ils ont quelques principes et ils essaient de les mettre en œuvre. Ils adoptent des mesures sociales en faveur des plus modestes (le loyer, le crédit), réquisitionnent les logements et les ateliers abandonnés par leurs propriétaires, fixent des normes sociales à l’attribution des marchés publics, commencent à réglementer la durée du travail. Ils font participer les associations ouvrières à la définition des conditions de travail. Ils séparent l’Église et l’État, décrètent l’école laïque et gratuite, ouvrent l’enseignement professionnel aux filles, brisent les normes trop étroites de la famille.

Alors que les administrations ont été affaiblies par le départ de nombreux cadres et fonctionnaires, ils font marcher les services publics, en s’appuyant sur les salariés eux-mêmes. Ils assurent le ravitaillement, l’entretien et la sécurité de la capitale. Dans une ville à nouveau assiégée, femmes et hommes s’engagent sans compter, au nom de la « Sociale »

Or, elles et ils font tout cela dans le contexte d’une guerre civile sans merci, déclenchée par les troupes gouvernementales, ceux que l’on appelle désormais les « versaillais ». Sur cinquante-quatre jours de pouvoir effectifs, la Commune n’a connu que cinq jours sans guerre. Sans doute Paris n’est-il pas complètement isolé.

Le camp républicain est divisé

Quelques villes s’engagent elles aussi dans la mise en place de « communes », à Marseille, à Lyon, à Saint-Étienne, à Toulouse, à Narbonne, à Perpignan, au Creusot. Des soulèvements et des manifestations s’égrènent dans toute la France, les soutiens à Paris se multiplient. Mais l’addition des engagements ne suffit pas à faire mouvement.

En fait, le camp républicain est divisé : son aile la plus radicale soutient l’exemple parisien, mais les plus modérés y sont hostiles et, si ceux que l’on nomme les « radicaux » (Gambetta, Clemenceau) sont proches des préoccupations communardes, ils n’acceptent pas que l’on se soulève contre l’Assemblée élue en février.

La Commune fait face comme elle peut. Dans le conseil communal, une majorité est tentée de reproduire l’élan de 1793-1794, de constituer une sorte de dictature provisoire, autour d’un Comité de salut public. Une minorité s’y oppose en vain, notamment autour de militants de l’Association internationale des travailleurs. Mais l’histoire ne se réécrit pas. Quand le Comité de salut public se constitue, Thiers a repris la main.

La Commune écrasée, mais…

Le 21 mai, 130 000 soldats de Versailles entrent dans la capitale contre quelques dizaines de milliers de Parisiens en état de combattre. La guerre civile fait rage dans Paris. Du côté de la Commune, les actes sont parfois désespérés : une centaine d’otages sont exécutés, le plus souvent sans l’accord de l’Hôtel de Ville. Ce n’est rien à côté de la justice expéditive des versaillais. Pendant la « semaine sanglante » (21 au 28 mai), a lieu le plus grand massacre de population civile depuis les guerres de religion.

Les communards tombent en masse sous les balles des régiments venus de Versailles : les estimations vont de 6 000 à 30 000 morts, avec une médiane d’un peu moins de 20 000. Après la fin des combats, 40 000 combattants sont emprisonnés, 15 000 condamnés à la prison, aux travaux forcés ou à la déportation. 5 000 à 6 000 échappent à la prison ou à la mort et partent en exil. La plupart ne reviendront qu’après l’amnistie, à l’été de 1880.

... elle n'est pas morte

La Commune est vaincue, mais elle n’est pas morte, comme le dit la chanson… Elle clôt la longue séquence des révolutions du monde occidental, ouverte au XVIIe siècle. Mais elle ouvre la voie à une nouvelle phase de conflictualité, autour d’un acteur nouveau, le mouvement ouvrier. En « montant à l’assaut du ciel », comme le dit Karl Marx dès 1871, la Commune laisse le souvenir d’une expérience unique – celle d’un véritable gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple –, d’une utopie qui a voulu se réaliser et d’une épopée, tout aussi flamboyante que brève.

La mémoire communarde a ainsi servi de carburant symbolique à la grande saga ouvrière. Elle a beaucoup rassemblé… et tout autant divisé les héritiers de la Commune. Elle a tenté de mettre en œuvre les vieux idéaux d’émancipation, mais elle a échoué au bout du compte. A-t-elle été trop magnanime, face à des adversaires impitoyables ? A-t-elle été trop étatiste ou pas assez centraliste ? Est-elle allée trop loin ou a-t-elle fait trop de concessions ?

Un objet « chaud », rebelle à tout consensus

La Commune est toujours restée un objet « chaud », rebelle à tout consensus. Sa mémoire est à l’image de ce qu’elle fut : résolument plurielle, valant pour ses intentions, pour ses actes et pour les possibles, qu’elle a esquissés sans aller au bout de leur réalisation.

C’est cette ouverture qui fait de la Commune une référence universelle, et pas seulement pour le mouvement ouvrier historique. Sa mémoire se réveille, chaque fois qu’un groupe ou qu’un peuple se dresse contre l’oppression, à Petrograd en 1917, à Shanghai ou à Barcelone un peu plus tard, dans les universités de Paris en 1968, du Mexique, de Californie ou de Corée, chez les Kurdes du Rojava. Elle est directement présente dans les grandes manifestations syndicales, chez les gilets jaunes

La fulgurance de la Commune est une pépite. On peut la scruter, non pour y chercher des solutions toutes faites, mais pour retrouver la modernité de ses valeurs et de ses intuitions. Les communards ont refusé la fatalité : c’est pour cela qu’il vaut la peine de les célébrer.

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28 mars 2021 7 28 /03 /mars /2021 17:37
Rwanda. La  responsabilité accablante de la France dans le génocide (L'Humanité, Lundi 29 Mars 2021)
Rwanda. La « responsabilité accablante » de la France dans le génocide
Lundi 29 Mars 2021 - L'Humanité

La commission Duclert souligne l’implication politique et militaire de notre pays qui a conduit à la mort de 800 000 Tutsis en 1994. Sur la base d’une définition étroite de la notion, elle exclut néanmoins une « complicité ».

Emmanuel Macron s’en réjouit. Il espère tenir enfin de quoi solder et clore l’épineux dossier de la relation de la France au Rwanda. Les conclusions de la commission de recherche sur les archives relatives au génocide des Tutsis (1990-1994), remises à l’Élysée le 26 mars, marquent une « avancée considérable », estime-t-il. Les historiens auraient ainsi fait œuvre utile, qui pourrait ripoliner l’image de la France aux yeux de toute l’Afrique. Celle-ci « ne mérite pas la méconnaissance qu’on lui impose après l’avoir soumise des décennies. Cela ne peut plus durer », résume le chercheur Vincent Duclert, qui a présidé ces travaux durant deux années. Le rapport est « très dense et documenté », il « établit de très nombreuses responsabilités » et constitue un « acte courageux et digne d’appréciation », réagit sur Twitter le président de l’Union africaine, Moussa Faki. Il s’agit, selon lui, d’une «importante décision au service de la vérité sur l’événement le plus dramatique de l’histoire africaine contemporaine ». Pas de réaction officielle, en revanche, du président rwandais, Paul Kagamé. Son ministère des Affaires étrangères salue « un pas important vers une compréhension du rôle de la France ».

Soutien au pouvoir dictatorial et réaction tardive

Le Rwanda s’apprête également à publier un rapport dans les semaines à venir « dont les conclusions compléteront et enrichiront celles de la commission Duclert ». Celle-ci retrace l’itinéraire d’une faillite politique et militaire de la France indéniablement liée au drame du génocide qui a causé la mort de 800 000 Tutsis en 1994. « Une horreur dans l’horreur que l’on ne peut supporter et que l’on voudrait cacher à la face du soleil. Dans ce cas précis, elle porte un nom : le cadavre mutilé d’un gosse », écrivait à ce propos Jean Chatain, envoyé spécial de  l’Humanité en 1994 au Rwanda, témoin en première ligne, décédé le 5 décembre 2019.

La commission pointe une « responsabilité accablante » de l’Élysée et l’obstination de François Mitterrand à ne pas vouloir regarder poindre un dénouement épouvantable. La France s’en est ainsi tenue à une simple opposition entre le camp hutu, incarné par le président Habyarimana, et le Front patriotique rwandais (FPR). Elle s’est polarisée sur les menaces de ce dernier et n’a pas rompu à temps avec son protégé, alors même qu’il se livrait au génocide. Elle a, enfin, réagi tardivement avec l’opération « Turquoise », laissant périr la très grande majorité des Tutsis du Rwanda. C’est, en substance, ce que dit la commission Duclert. Vincent Duclert avance toutefois une explication à cet égarement aux lourdes conséquences. «  Si la France l’avait su, si elle avait compris qu’en formant cette armée pléthorique, elle formait de facto des miliciens, elle serait sortie du Rwanda, peut-être aurait-elle agi différemment », dit-il dans entretien accordé au journal le Monde. Selon lui, « elle n’a rien su, ni compris des événements (…) C’est en cela que les responsabilités sont lourdes et accablantes. Elle a ignoré la réalité rwandaise et plaqué sur le pays les schémas néocoloniaux de puissances occidentales et de lectures ethnicistes ».

Un système d’influence cher à François Mitterrand

Responsable, donc, la France, mais aucunement complice de quelque façon que ce soit dans le génocide. « Il n’y a aucun document qui démontre un soutien aux extrémistes hutus dans leur ciblage des Tutsis en tant que “race” à exterminer. La France ne s’est jamais associée à un tel programme, ni ne l’a voulu dans ses actes et ses discours. Elle n’a pas non plus armé, ni formé les milices qui allaient en premier lieu exécuter le génocide. Elle a cru former des soldats rwandais », insiste Vincent Duclert. Pas de quoi convaincre l’association Survie. « Les conditions de la complicité sont clairement réunies », estime un de ses membres, François Graner, coauteur de l’État français et le génocide des Tutsis (Éditions Agone, 2020). Il suffit d’avoir un soutien actif en connaissance de cause. « Les décideurs français n’avaient pas d’intention génocidaire. Leur intention, c’était de maintenir le Rwanda dans leur zone d’influence, comme ils font dans plein de pays d’Afrique, c’est une politique générale à laquelle Mitterrand se tenait de façon très active. »

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28 mars 2021 7 28 /03 /mars /2021 16:29
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28 mars 2021 7 28 /03 /mars /2021 11:08

Clip présenté par le Collectif Inter Hôpitaux de Rennes en collaboration avec le syndicat CGT du CHU de Nice, en featuring avec Alee et Corinne Masiero.

Nous tenons à remercier très sincèrement : - Alee et Delphine pour tout le temps passé, les enregistrements, les conseils, la gentillesse, sans qui ce projet n'aurait jamais pu se réaliser - Erwann du pied de la pompe et Max du P’tit son pour la basse et l'accordéon - Corinne Masiero pour avoir fait le lien entre culture et santé : Big up Corinne, No Culture No Futur!!! - Pierre Perret - Guillaume Meurice - Pierre Emmanuel Barré - Giedré - Ariane Ascaride - Karimouche - Marie Desplechin - Fredo des Ogres de Barback - Yvan Le Boloc'h - Bruno Gaccio - Gilles pour le mixage et le mastering - Vero et Julianna à la vidéo pour Rennes - Francis pour la prise de son, David et Stéphane à la vidéo pour Nice - Benoit - HK pour nous avoir laissé reprendre sa chanson "Danser encore" en totale liberté.

Cette initiative est née de la rencontre entre le Collectif Inter Hôpitaux de Rennes, Usagers de l’Hôpital, soignants, non soignants, et les hospitaliers du syndicat CGT de l’hôpital l’Archet-CHU de Nice, avec une volonté commune à défendre l'Hôpital Public, afin d’embellir le présent et de construire l’avenir. La Santé est un droit, les hôpitaux un bien public qu’il nous faut défendre car ils sont en danger du fait des réformes successives qui affaiblissent notre système de santé. Une conception globale de la santé qui intègre le bien-être physique, psychologique et social voilà aussi ce que nous défendons.

Dans cette conception, l’accès à la culture pour toutes et tous est aussi un élément essentiel à tout être humain pour se réaliser. Chacun dans notre chemin personnel, professionnel, citoyen, continuons à nous ouvrir, à discuter, à créer des liens, à développer des réseaux, des communautés d’intérêt, des moments de partage. Alors retrouvons-nous dans les nombreuses mobilisations qui se multiplient, qui nous permettront de construire un projet qui nous ressemble et nous rassemble.

N’attendons pas, ensemble, défendons le service public qui nous est cher, construisons le monde d’après.

ENSEMBLE SAUVONS L'HÔPITAL PUBLIC !!! (Toutes les personnes présentes en studio dans ce clip étaient vaccinées ou avaient une PCR négative de moins de 48h au moment du tournage)

 https://m.facebook.com/CIHRennes/ https://www.collectif-inter-hopitaux.... https://www.cgt-chudenice.fr/ https://www.facebook.com/CGTARCHETNICE https://www.facebook.com/CGT-Santé-So... * * * * * * * * * *

Refrain : Nous on veut continuer à soigner encore Voir nos gestes soulager vos corps Aider vos âmes à aller mieux encore Oh, non non non non non non Nous on veut continuer à soigner encore Voir nos gestes soulager vos corps Aider vos âmes à aller mieux encore Nous sommes des héros de passage Vite oubliés, faussement comblés Prends ta médaille et fais silence Sois bon en toutes circonstances Un seul mot d’ordre « l’obéissance » L’Hôpital Public en souffrance C’est compliqué, faut en parler Faut continuer la résistance Faire preuve de désobéissance C’est le temps de l’inobservance Refrain Vous ne demandez pas la lune Seulement de quoi nous recevoir Mais ceux d'en haut n'entendent pas ceux d'en bas Quand on reste enfermé dans sa tour d'ivoire Vous ne demandez pas l'aumône, seulement le minimum vital Mais la vie à un prix dans c'bas monde et le monde d'en haut ne retient que c'qui est rentable Vous ne demandez pas l'impossible, seulement d'ouvrir un peu les yeux Vu que les leurs regardent ailleurs quand l'hôpital meurt à petit feu Vous ne demandez pas grand-chose, surtout pas partir en guerre Vu que la guerre ça prend des vies et vous la vie c'est c'qu'il y a de plus chère ! Refrain Hosto Boulot : Robot c’est trop Pas les moyens, c’est la consigne Austérité sur ordonnance Et malheur à celui qui pense Et tant pis pour la bienveillance Le management autoritaire Et tous leurs comptes d’apothicaires Font s’envoler nos espérances Ils font preuve de tant d’indécences Mais n’auront pas notre conscience Refrain "Essentiel", mot a priori banal, se définit dans le Petit Larousse, page 430, comme "Essentiel : absolument nécessaire". Santé, Culture se rejoignent sur l'essentiel. Essentiels pour continuer à vivre, essentiels pour reposer nos corps, essentiels pour apaiser nos âmes. Artistes et soignants unis dans la volonté de continuer à soigner, continuer d'aider les âmes à aller mieux, encore et toujours, essentiels, essentiels, essentiels. Surtout sachez n’pas oublier Que malgré toute cette souffrance Notre passion on l’a dans la peau Pour le sauver pas b’soin de héros Laissez-nous faire notre boulot Une seule devise pour l’Hôpital Pas de retour à l’anormal Alors restons solidaires Au bout du tunnel, la lumière On sortira tous de cet enfer Refrain (x2)

HK - Danser encore (Officiel)
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28 mars 2021 7 28 /03 /mars /2021 10:26
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!

Photos Ismaël Dupont et Lucienne Nayet

Un beau rassemblement pour le climat et une vraie prise en compte des enjeux du dérèglement climatique à Morlaix ce matin.

Les communistes et de nombreux élus de gauche étaient présents.

Une vingtaine de camarades étaient présents dont plusieurs élus communistes: Martine Carn (Plougonven), Roger Héré et Patrick Beguivin (Plouigneau), Corentin Derrien (Saint Thégonnec-Loc Eguiner), Ismaël Dupont (Morlaix).

Martine Carn, Patrick Beguivin et Lucienne Nayet ont distribué l'appel du PCF pour une vraie loi climat.

Et nous avons fait deux nouvelles adhésions pour la section de Morlaix dans le rassemblement, deux musiciens et chanteurs engagés aussi à la CGT du spectacle et des intermittents, ce qui porte à 6 le nombre de nouveaux adhérents dans la section de Morlaix en 15 jours et à 95-96 le nombre d'adhérents de la section PCF pays de Morlaix !!!!

Encore un petit effort et on atteindra les 100 adhérents dans la section de Morlaix, du jamais vu depuis des décennies!!!

 

***

Le lundi 29 mars, le gouvernement présentera son projet de loi « climat et résilience », à l’Assemblée nationale, censé reprendre une partie des travaux de la Convention citoyenne pour le climat.Ce texte de loi est bien en deçà des objectifs fixés par l’assemblée citoyenne. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre la baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.
 
Les mesures les plus structurantes proposées par la Convention concernant la rénovation globale des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone des grandes entreprises, la régulation du trafic aérien ou de la publicité, l’abandon du CETA et le renforcement du droit environnemental sont repoussées à plus tard ou vidées de leur substance.
 
Alors que certains pays ont revu à la hausse leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France laisse le peloton des nations les plus vertueuses s’échapper en n’étant pas capable d’accélérer, elle aussi, le mouvement !
 
Au début du mois de février, la justice a condamné l’État pour inaction climatique. Le tribunal de Paris a reconnu la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, et jugé illégal le non respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le juge responsable de préjudice Écologique.
Le PCF tient l'exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat !
La Fédération du Finistère du PCF et la section de Morlaix appelaient à participer aux marches  pour une vraie loi climat dans le Finistère.
 
Les communistes appellent à agir pour une relocalisation de nos productions pour réduire les besoins de transport longue distance des marchandises
Ils se prononcent pour un service public ferroviaire, fret et passager, en réduisant notamment le prix du billet SNCF pour les usagers , la gratuité des transports en commun, un plan de rénovation des bâtiments  de 10 milliards d’euros/an ,l'arrêt du projet HERCULE visant à privatiser la production d’énergie, le rejet des accords de libre-échange type CETA et MERCOSUR et l'adoption d’une loi favorisant les circuits-courts ,la création d’un pôle public de l’énergie.
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
Photos de la manifestation pour le Climat à Morlaix ce dimanche 28 mars de 10h30 à midi: une belle mobilisation!
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27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 09:08
Le 28 mars marchons pour une vraie loi climat:
14 h Place de la Liberté à Brest
10 h 30 de la place des Otages à Morlaix,
11 h, parc du Bel-Air à Quimperlé,
  14 h, zone de Lumunoch à Briec.
 
Le lundi 29 mars, le gouvernement présentera son projet de loi « climat et résilience », à l’Assemblée nationale, censé reprendre une partie des travaux de la Convention citoyenne pour le climat.Ce texte de loi est bien en deçà des objectifs fixés par l’assemblée citoyenne. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre la baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.
 
Les mesures les plus structurantes proposées par la Convention concernant la rénovation globale des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone des grandes entreprises, la régulation du trafic aérien ou de la publicité, l’abandon du CETA et le renforcement du droit environnemental sont repoussées à plus tard ou vidées de leur substance.
 
Alors que certains pays ont revu à la hausse leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France laisse le peloton des nations les plus vertueuses s’échapper en n’étant pas capable d’accélérer, elle aussi, le mouvement !
 
Au début du mois de février, la justice a condamné l’État pour inaction climatique. Le tribunal de Paris a reconnu la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, et jugé illégal le non respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le juge responsable de préjudice Écologique.
Le PCF tient l'exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat !
La Fédération du Finistère du PCF appelle à participer aux marches  pour une vraie loi climat à 14 h Place de la Liberté à Brest,10 h 30 de la place des Otages à Morlaix, 11 h, parc du Bel-Air à Quimperlé, 14 h, zone de Lumunoch à Briec.
 
Les communistes appellent à agir pour une relocalisation de nos productions pour réduire les besoins de transport longue distance des marchandises
Ils se prononcent pour un service public ferroviaire, fret et passager, en réduisant notamment le prix du billet SNCF pour les usagers , la gratuité des transports en commun, un plan de rénovation des bâtiments  de 10 milliards d’euros/an ,l'arrêt du projet HERCULE visant à privatiser la production d’énergie, le rejet des accords de libre-échange type CETA et MERCOSUR et l'adoption d’une loi favorisant les circuits-courts ,la création d’un pôle public de l’énergie.

 

 

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27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 09:05

Jean-Paul Domin

Regards (EA 6292) Université de Reims Champagne-Ardenne 

La pandémie a révélé les dégâts causés dans l’hôpital public par l’austérité budgétaire et par l’introduction de gestions inspirées des critères capitalistes : diagnostic et propositions pour reconstruire.   

 

Introduction 

Aujourd’hui, l’hôpital public se trouve placé dans un univers concurrentiel croissant. Le secteur privé lucratif voit ses parts de marché augmenter, notamment en chirurgie ambulatoire. Depuis 2002, celle-ci se développe assez rapidement. Le nombre de places en hospitalisation partielle a augmenté au rythme de 3,1 % par an en moyenne. Dans le même temps, le nombre de lits en hospitalisation complète a diminué. Le secteur privé, notamment le privé lucratif, a surfé sur la vague ambulatoire. La concurrence est vue positivement par certains comme un moyen d’améliorer la situation du secteur. En 2017, la Fédération hospitalière de France (FHF) ne réclamait-elle pas un surcroît d’autonomie pour les établissements publics et un assouplissement de leurs modalités de gestion ? En Allemagne, cette solution s’est avérée assez grave : le statut des établissements hospitaliers publics a été libéralisé et certains ont été mis en vente et rachetés par le secteur privé. 

L’objectif de ce travail est de montrer que dans un contexte de plus en plus compliqué, il apparaît nécessaire de redonner du sens à la politique hospitalière. 

Nous organiserons notre propos en deux temps. Nous verrons dans un premier temps que si le service public hospitalier s’est rapidement affirmé après la Seconde guerre mondiale, son statut a évolué depuis et certaines voix se sont élevées pour demander un assouplissement. Dans un second temps, nous montrerons que dans un univers de plus en plus concurrentiel, il apparaît nécessaire de renforcer l’hôpital public. 

 

1. De la construction du service public hospitalier au désengagement de l’État 

À la Libération, les pouvoirs publics ont favorisé le développement et l’essor du service public hospitalier (1.1). Mais cette solution a été remise en cause, et aujourd’hui certaines voix prônent le désengagement et la mise en œuvre de solutions privées (1.2). 

 De la naissance du service public hospitalier à sa remise en cause 

Le statut public de l’hôpital est une caractéristique forte du système de santé français. Depuis le XIXe siècle, les hôpitaux sont des établissements communaux. Cette situation donne aux maires un poids important dans leur gestion. En 1938, face à l’essor des assurances sociales et à l’arrivée massive de malades assurés sociaux dans les hôpitaux, le ministre de la Santé publique Fernand Gentin confie à deux inspecteurs généraux des établissements de bienfaisance la mise en œuvre d’un projet de réforme. Leur objectif est d’introduire de nouveaux droits pour le pouvoir central sans porter atteinte aux prérogatives communales. Leur travail est assez avancé à la veille de la Seconde guerre mondiale pour servir de trame à la loi du 21 décembre 1941. Dans les faits, celle-ci ne deviendra effective qu’après la Libération. 

Les hôpitaux sont désormais des établissements publics dotés de la personnalité morale. La loi prévoit la création d’un poste de directeur d’établissement hospitalier. Celui-ci est nommé par le préfet après inscription sur une liste d’aptitude nationale. Ses attributions sont assez larges : préparation du budget, responsabilité du patrimoine, pouvoir hiérarchique sur les agents. La mainmise du ministère de la Santé est d’autant plus grande que les directeurs d’établissements bénéficient depuis 1958 d’une formation dans une grande école : l’École nationale de Santé publique (ENSP)1. La loi réforme également le recrutement des praticiens hospitaliers qui ne sont plus cooptés localement, mais nommés par le préfet après inscription sur une liste d’aptitude régionale.  

La modernisation du service public hospitalier va progressivement devenir une priorité pour le pouvoir. Le Commissariat général du Plan en sera un des principaux vecteurs. Au milieu des années 1950, sous la pression de certains groupes, comme la Fédération hospitalière de France, divers projets de lois sont mis en chantier. Deux objectifs se dégagent : coordonner les investissements et hiérarchiser les pouvoirs. C’est à partir des années 1970 que l’hôpital fait sa mue. L’arrivée de Robert Boulin change la donne. La loi du 31 décembre 1970 met en place le service public hospitalier. Son objectif est de se substituer à la balkanisation du système de santé, notamment en mettant un coup d’arrêt au développement anarchique des équipements. Le service public hospitalier regroupe les établissements publics hospitaliers, les organismes privés non lucratifs et des établissements privés lucratifs pour certaines formes de soins. 

La loi Évin du 31 juillet 1991 marque une rupture. Préparée dans l’esprit du « renouveau du service public » cher à Michel Rocard, elle pose le principe l’autonomisation des établissements hospitaliers. Cette solution est préférée à la transformation en établissements publics industriels et commerciaux, évoquée lors des débats à l’Assemblé nationale. Certains députés sont favorables, lors de la discussion du projet de loi, à une privatisation du statut juridique des établissements de soins, tout en gardant leur place au sein du service public. Paradoxalement, la loi Évin renforce le pouvoir hiérarchique du ministère de la santé. 

La loi Bachelot du 22 juillet 2009 substitue la notion de service public à celle de service public hospitalier. Désormais quatorze missions (la permanence des soins, la prise en charge des soins palliatifs, l’enseignement universitaire, la recherche, l’aide médicale urgente, les actions de santé public…) sont définies. L’objectif initial est d’élargir le service dû aux usagers et de leur assurer une meilleure couverture de soins et de prise en charge quel que soit le lieu d’hospitalisation. La loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 réintègre la notion de service public hospitalier qui renvoie aux missions dévolues aux établissements de santé. Mais, le retour in extremis de la notion de service public hospitalier ne doit pas masquer la réalité : les attaques libérales ne sont pas terminées. 

Depuis de nombreuses années, le statut public de l’hôpital est critiqué et remis en cause. Nous avons montré dans un numéro précédent d’Économie et politique 2 que les critiques avancées à son encontre se focalisent sur son statut qui est synonyme de lourdeur administrative, sur son organisation nécessairement mauvaise, sur son financement et last but not least sur son poids jugé excessif dans les dépenses de santé. Les solutions proposées sont multiples Le plan de la Caisse des dépôts et consignations dévoilé en avril en est un exemple caractéristique. 

 Vers un désengagement de l’État ? 

Laurent Mauduit et Martine Orange se sont faits l’écho, dans un article publié par Médiapart en avril 2020, des pistes envisagées par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour la réforme du système de santé. Avant la crise épidémique, la présidence de la République a demandé à la CDC un rapport sur des pistes d’évolution. Le rapport commence d’emblée sur la crise de l’hôpital, et notamment sur la question de la dette, sans s’interroger au préalable sur les raisons de la dette. Or, depuis la mise en œuvre de la tarification à l’activité en 2003, les établissements sont sous-financés et ont tendance à s’endetter, notamment via des emprunts toxiques. Bien entendu, la question du financement est présente dans l’ensemble du document. 

La CDC insiste sur la nécessaire restructuration de la dette. Cette solution ne constitue pas une nouveauté dans la mesure où Emmanuel Macron l’a déjà évoqué au mois de novembre 2019. Le rapport propose également de créer une ligne de prêt pour la mise aux normes des bâtiments hospitaliers. Il faut savoir que la banque publique s’est spécialisée dans les établissements privés lucratifs. La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit Agricole). Elle s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay Santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des EHPAD et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. 

La CDC plaide également pour la mise en place et le développement de partenariats publics-privés (PPP) qu’elle qualifie de « PPP vertueux ». Le PPP est défini par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) comme : « un accord contractuel de long terme entre une autorité publique et un partenaire privé dans le cadre duquel ce partenaire assure et finance des services publics à partir d’un équipement, avec un partage des risques associés ». Cette proposition est surprenante dans la mesure où un rapport de la Cour des comptes européenne recommande de cesser de recourir aux PPP compte tenu des problèmes juridiques et financiers posés par ce type de partenariats. D’abord, les PPP entraîneraient des retards importants de construction. Ensuite, ils se caractérisent par des dépassements de coûts significatifs. Enfin, les contrats de partenariat public-privé de longue durée sont jugés mal adaptés à l’évolution rapide des technologies. En tout état de cause les solutions proposées par la CDC ne préconisent pas l’investissement public. 

La CDC pense enfin accélérer le développement des solutions d’hospitalisation ambulatoire. Le mode de financement de l’hôpital, la tarification à l’activité (T2A), survalorise les actes réalisés en ambulatoire par rapport à ceux relevant de l’hospitalisation. La solution consisterait dans la création d’hôtels hospitaliers. C’est le dessin poursuivi par Martin Hirsch, le directeur de l’assistance publique-Hôpitaux de Paris : vendre les bâtiments du centre historique de Paris et se spécialiser essentiellement sur la chirurgie ambulatoire. 

 

2. Renforcer le rôle de l’hôpital public dans un univers de plus en plus concurrentiel 

Si l’argument avancé par les partisans de l’hospitalisation lucrative, est de dire que leurs établissements sont plus compétitifs et moins dépensiers, il faut admettre que la comparaison entre secteurs public et privé lucratif est illusoire (2.1). Mais, la concurrence croissante du secteur privé lucratif nous incite à proposer des pistes de réforme pour sauver l’hôpital public (2.2). 

2.1. Le caractère illusoire de la comparaison entre secteurs public et privé 

En 2003, lors de la mise en place de la tarification à l’activité, l’objectif du législateur était d’accélérer la convergence tarifaire entre les établissements public et privé. Aujourd’hui encore la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) milite pour cette convergence qui, selon elle, permettrait de mettre en évidence le secteur privé lucratif par rapport au secteur public. Si la convergence tarifaire a été, pour un temps, abandonnée, elle revient de façon récurrente, portée par les thuriféraires du marché de la santé qui pensent que seule la concurrence permettra de diminuer les coûts. Mais, comparaison n’est pas raison. Plusieurs raisons peuvent expliquer le coût supérieur du service public. 

L’hôpital public se caractérise d’abord par un large éventail de cas traités (case mix) qui coûte de l’argent. Aux États-Unis, certains travaux réalisés sur des patients assurés par Medicare3 mettent en évidence une large variation des coûts au sein d’un même Groupe homogène de malades (GHM)4 qui reflète la différence de gravité dans les cas traités. Ces différences à l’intérieur d’un même GHM peuvent expliquer la moitié des différences de coûts entre établissements. Celles-ci ne devraient pas poser un problème en soi dans la mesure où le prix reflète un coût moyen. Mais, le problème est que les patients ne sont pas distribués de façon aléatoire sur le territoire et certains établissements ont une probabilité plus forte de recevoir des patients plus gravement atteints et donc plus coûteux. Les établissements publics reçoivent donc un tarif unique pour traiter des patients aux profils différents même s’ils sont dans un même GHM. Cela risque d’influencer le choix de certains hôpitaux qui peuvent choisir de supprimer des services aux spécialités plus coûteuses. 

Par ailleurs, l’hôpital public reçoit un grand nombre de patients atteints de pathologies assez différentes les unes des autres qui nécessitent l’organisation d’une large gamme de services, qui est nécessairement plus coûteuse que des services mutualisés. C’est moins le cas pour les cliniques privées qui se spécialisent sur quelques créneaux seulement et notamment les plus rentables (chirurgie ambulatoire). Les obligations de service public génèrent des coûts supplémentaires liés à l’impossibilité pour certains établissements de réaliser des économies d’échelle. Dans le même ordre d’idée, les obligations de service public (les urgences en constituent un exemple) entraînent également des contraintes qui se reportent sur les coûts d’organisation. 

La différence entre la patientèle des cliniques privées lucratives et celle des établissements publics. Les patients qui y sont traités appartiennent en effet majoritairement à des catégories sociales aisées. La fréquentation d’un établissement privé est fortement liée à la profession ou la catégorie sociale. En 2007, près des deux tiers des hospitalisés cadres ou appartenant aux professions intellectuelles supérieures l’ont été exclusivement dans une clinique privée. La proportion est plus importante que pour les ouvriers (deux hospitalisés sur cinq) et les chômeurs n’ayant jamais travaillé. Le gradient social est particulièrement marqué en obstétrique dans la mesure où 79 % des femmes (cadres ou professions intellectuelles supérieures) fréquentent un établissement privé contre 37 % des femmes exerçant une profession intermédiaire, 14 % des employées et 10 % des ouvrières. A contrario, le gradient social n’est pas le même selon la catégorie majeure de diagnostic. Ainsi, les pathologies lourdes sont davantage prises en charge dans les établissements publics hospitaliers que dans les cliniques privées à but lucratif. 

2.2. Des pistes de réforme pour sauver l’hôpital public 

Il apparaît d’ores et déjà nécessaire de tracer quelques pistes pour penser l’hôpital public de demain : revoir son financement, repenser son organisation, attirer les personnels par de meilleures rémunérations et redéfinir la place de l’hôpital dans le système de santé. 

La réforme du financement s’avère nécessaire. Il faut d’une part desserrer la contrainte générée par l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM). La commission des comptes de la Sécurité sociale estime que sa progression doit se situer autour de 4 % par an. Il faut d’autre part faire évoluer la T2A qui joue trop sur les incitations et qui favorise l’ambulatoire et surtout l’abandon des spécialités coûteuses. La T2A désavantage les établissements publics par rapport aux cliniques privées lucratives. Il faut repenser le mode de financement des maladies chroniques et celui de la prise en charge des patients atteints de plusieurs pathologies. Il faut enfin réfléchir à la transformation de l’enveloppe des Missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (MIGAC) qui ne permettent pas un financement suffisant des urgences.  

La réforme de l’organisation hospitalière est une nécessité. Depuis la mise en œuvre des Agences régionales de l’hospitalisation en 1996, la centralisation du système de santé est évidente. La chaîne hiérarchique entre le ministère de la Santé, le directeur de l’Agence et le directeur d’hôpital est renforcée. Il apparaît important de revoir la démocratie interne au sein de l’hôpital. Une solution serait de revaloriser la représentation des personnels et des usagers au sein du Conseil de surveillance. Il faut enfin repenser le fonctionnement des services, notamment en stoppant le développement des méthodes de management issues du secteur privé. L’hôpital public n’est pas une entreprise et lui appliquer les mêmes méthodes de gestion est non seulement inefficace mais ajoute une pression supplémentaire sur les soignants. 

La question de la rémunération des personnels hospitaliers est un problème majeur. Une étude récente de l’OCDE a montré que la rémunération des infirmières est inférieure de 6 % par rapport à la rémunération moyenne nationale. Il apparaît nécessaire de revaloriser les salaires, en particulier les bas salaires, à l’hôpital en jouant sur les indices. Cette revalorisation des salaires est indispensable et doit favoriser une reprise des embauches. Il y a actuellement dans les hôpitaux publics notamment dans les CHU des grandes agglomérations des postes de soignants non pourvus parce que le niveau des rémunérations est insuffisant et les conditions de travail sont difficiles. 

Enfin, la crise de l’hôpital public ne sera pas résolue sans repenser l’évolution de celui-ci au sein du système de santé. Ainsi, par exemple, la crise des urgences qui est au cœur de l’actualité depuis quelques mois devrait nous alerter ! Pourquoi les usagers vont-ils aux urgences ? D’abord parce qu’ils ne trouvent plus de cabinets de médecins libéraux ouverts avant ou après les horaires ouvrables. Les médecins libéraux ont abandonné la permanence des soins. Mais pour cela il faut engager des discussions avec les organisations représentatives des médecins libéraux. Par ailleurs, certains patients ne trouvent au plus près de chez eux qu’un établissement hospitalier. Il apparaît urgent de régler la question des déserts médicaux. Enfin, parce qu’il est quasiment impossible dans certaines agglomérations de consulter un spécialiste pratiquant des honoraires de secteur 1. Pour une proportion importante de la population, seul l’hôpital public offre des consultations de spécialistes sans reste à charge. 

 

Conclusion 

La crise épidémique de la Covid 19 a mis en lumière les béances de la politique hospitalière française. L’impossibilité de trouver des lits disponibles n’est pas le résultat de l’épidémie mais bien la preuve de l’inefficacité des politiques mises en œuvre depuis le début des années 2000. Entre 2006 et 2016, la diminution du nombre de lits a été bien plus importante en France (- 13,8 %) qu’au sein de l’Union européenne (-9,5 % UE 15 hors Royaume-Uni). Dans un contexte difficile, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoit encore quatre milliards d’économies. Tandis que les déprogrammations d’interventions (notamment en oncologie) ont entraîné une diminution de 10 % de la survie par mois de retard selon le British medical journal, le gouvernement semble tout faire pour éviter que les personnes malades viennent se faire soigner dans les établissements de soins. Le Premier ministre ne déclarait-il pas récemment : « le mieux si l’on veut aider l’hôpital c’est de ne pas tomber malade ». Face à tant de cynisme, il est temps de faire évoluer radicalement la politique de santé. 

 

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